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VENGEANCE FATALE

votre visite et je sais ce que vous venez faire ici.

— Tant mieux, alors, repartit Louis, nous ne perdrons pas de temps en paroles inutiles et je vous retiendrai moins longtemps.

— Vous connaissez, Monsieur, les relations qui ont eu lieu auparavant entre votre famille et moi ?

— En effet, je les connais.

— Que venez-vous donc faire ici ?

— Vous ne vous en doutez pas ?

— Pas le moins du monde.

— Je croyais trouver chez vous plus de perspicacité. Vous n’ignorez pas que j’aime votre fille et qu’elle m’aime. Vous savez aussi bien, pour l’avoir entendu répéter mille fois, que je n’attends plus que le jour de mon admission à la pratique du droit pour vous faire la demande de sa main. J’aurais pu vous traîner devant les tribunaux et faire couler votre sang ; mais je reconnais l’odieux d’un mariage entre Hortense et celui qui aurait déshonoré le nom de son père. Je veux donc, grâce aux sentiments que j’ai toujours entretenus vis-à-vis d’Hortense, oublier les crimes infâmes dont vous vous êtes rendu coupable envers mon père et ma mère, il y a plus de vingt ans, mais à la condition de l’épouser aussitôt que faire se pourra. Je partirai sans délai pour ne plus jamais revenir dans ce pays, car mon retour ici nous serait fatal à tous deux.

Darcy avait écouté Louis très attentivement ; quand celui-ci se fut tu, le banquier éclata de rire.

— Que trouvez-vous donc de si plaisant dans ma proposition, M. le Comte ?

— Je vous défends de me donner un titre que j’ai cessé de porter.