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VENGEANCE FATALE

sait courageusement de satisfaire des désirs provoqués par une luxure effrénée, d’avoir comploté la mort de l’enfant de cette femme — car je n’ignore pas la scène où ma mort a été tramée, s’écria-t-il imprudemment — avec des gens ramassés parmi la plus vile canaille, aujourd’hui vous ne rougissez pas d’abandonner votre propre fille à un de ces assassins, à un voleur, à cet Edmond Marceau qui vous a volé vous-même ! Vous êtes bien malheureux !

Je voudrais pouvoir stigmatiser votre front comme vous le méritez, mais je ne le puis pas, car les noms de misérable, de voleur et d’assassin sont encore trop faibles pour désigner un monstre tel que vous !

Une rage féroce s’empara de Raoul. Il bondit sur Louis, et avant que celui-ci fût revenu à lui-même, il avait été poussé jusqu’à la porte par Raoul. Les deux ennemis allaient en venir aux mains, lorsque Louis sortit pour éviter un scandale dans la maison qu’habitait Hortense en ce moment, seulement, en partant, il avait pu dire, avec du feu dans les yeux : M. le Comte, nous nous reverrons.

En rentrant dans la salle à manger Darcy n’était plus lui-même ; il avait la figure toute bouleversée ; bref son entrevue avec Louis l’avait laissé dans un état de prostration telle que les deux jeunes filles s’en montrèrent inquiètes.

— Quel est donc cet homme que vous avez dû mettre aussi violemment à la porte ? demanda Mathilde.

— Un insolent qui ne reviendra plus. Il dut s’essuyer, tant l’effort auquel il s’était livré pour chasser Louis de sa maison l’avait laissé couvert de sueur.