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VENGEANCE FATALE

— Te tairas-tu enfin ? Qu’est-ce que cela te fait à toi ?

L’impatience commençait à le gagner et il perdait toute prudence.

— Mais mon père, repartit Mathilde d’un ton courageux, lorsqu’il s’agit du bonheur de ma sœur, il me semble que c’est à moi de lui venir en aide. Je trouve même étrange que puisqu’elle ne sent aucune sympathie pour votre monsieur Marceau…

Mathilde avait prononcé avec dédain le nom du courtier.

— Certes, ajouta Hortense, ma sympathie ne lui sera jamais acquise.

— Criez plus fort, fit Darcy en perdant toute retenue, Hortense épousera Marceau.

— Eh bien ! non, je ne l’épouserai point.

— Comment ! refuser d’obéir à la volonté de ton père !

— Hortense a raison, fit Mathilde.

— Mais je ne l’aime point, mon père !

— N’importe, c’est une révolte contre mon autorité.

— Si vous prétendez m’imposer une telle alliance, je ne vous obéirai pas.

— Eh bien ! tant pis, c’est toi qui l’auras voulu. Jamais ma fille ne se fût révoltée contre son père, et toi, si tu agis ainsi, c’est que tu n’es pas de mon sang. Entends-tu ? je ne suis pas ton père ; tu n’es qu’une pauvre fille que j’ai recueillie et élevée comme ma propre enfant, et voilà aujourd’hui la récompense que j’ai de toi. Et en voici la preuve, s’écria-t-il, en sortant de sa poche le petit livre de velours qu’il avait