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VENGEANCE FATALE

nous fussions pas munis d’armes pour nous défendre en cas d’attaque.

— Le messager qui devait porter mes lettres chez Darcy, sais-tu ce qu’il en a fait ?

— Cette pensée te vient-elle pour la première fois ? Tu étais si occupé, ma foi, que je n’ai pas cru devoir t’en parler, mais je vais t’en dire un mot maintenant. Tes lettres ont été portées chez Darcy par mon messager, qui là a pu entendre toute la conversation de Darcy avec Puivert. Il me l’a rapportée mot pour mot, et c’est ainsi que je savais en partant de la ville, que nos compères devaient parcourir le même chemin que nous et qu’ils seraient munis des meilleures armes connues pour nous assaillir.

— Que ne m’as-tu dit cela plus tôt ? Je n’aurais pas hésité.

— Tu n’aurais pas hésité, dis-tu ? Je pense, au contraire. que si tu avais su ce que je viens de t’apprendre tu n’aurais pas osé venir avec nous.

— Nous n’avons plus à revenir là-dessus. Maintenant si nous voulons être de retour cette nuit, il est temps de continuer notre route.

— Fort bien, dit Victor, mais je vous ferai remarquer que depuis notre départ, je n’ai bu qu’un verre de mauvaise boisson à la taverne du père Pitou. Si vous pouviez me faire perdre ce mauvais goût que je ressens encore par quelques gouttes d’une liqueur moins épicée…

— C’est vrai, fit Louis, nous allions t’oublier ainsi que nous-mêmes, car m’est avis qu’une légère consommation ne ferait tort à personne, cela ne peut que fortifier notre courage.