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VENGEANCE FATALE

— Rappelle-toi la nuit où vous avez tramé la mort de M. Hervart et la mienne, et votre complot, pendant lequel, comme un imbécile tu as laissé ta trappe tout le temps ouverte.

Edmond, furieux, regretta la trop grande complaisance qu’il avait montrée alors à l’égard du fermier de Ste-Anne.

Cependant la lutte était engagée entre les six adversaires, mais Louis et ses amis qui ne connaissaient pas le terrain, durent reculer d’abord et furent presque au moment de faiblir ; mais leur désavantage ne dura pas longtemps, dès que ce côté de la route leur fut plus familier. Edmond connaissait la valeur de Victor comme jouteur ; il crut devoir le pousser à l’attaque sur Puivert, pendant qu’il se mesurerait avec Louis. Ainsi dans ce terrible duel, chaque combattant avait à lutter contre un adversaire particulier. Pendant qu’Edmond s’escrimait avec Louis, Ernest chargeait Darcy et le fermier s’efforçait de frapper Victor de son lourd gourdin.

Après quelques instants d’une lutte indécise, Victor fit une feinte, mais elle fut habilement parée par Puivert qui, sans suivre les règles de l’art qu’il n’avait jamais apprises, brisa en deux avec son bâton l’épée de Victor. Celui-ci était dans une position désespérée, car avant de pouvoir se servir de son pistolet, il eût eu la tête fracassée par le bâton de son antagoniste. Ernest qui combattait à côté de Victor, déserta son poste et fut assez heureux pour traverser d’outre en outre le malheureux Puivert. Mais en rendant ce service à