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VENGEANCE FATALE

s’aperçut qu’il commençait à la négliger pour sa sœur Hortense. Celle-ci, toute à l’affection de Louis, ne remarqua pas d’abord l’attention qu’Edmond lui portait.

Mais Mathilde s’en affligeait beaucoup, son caractère, naturellement gai et jovial, était devenu triste et morose. Elle recherchait la solitude, et on la voyait sans cesse un livre à la main. Cependant elle ne lisait pas, ou du moins très peu ; c’était plutôt un prétexte de rester à la maison.

Quant à Monsieur Darcy, il était contrarié de cette préférence accordée à la seconde de ses filles. Était-ce qu’il trouvait injuste que celle-ci eût deux aspirants à sa main, tandis que sa sœur était pour ainsi dire délaissée ? Non, car si cette préférence eût été accordée à Mathilde, il en eût été enchanté. Quelle raison lui faisait donc aimer cette dernière plus que l’autre de ses enfants ? C’est ce que la suite de ce récit nous apprendra.

Dans le cours de la journée où Ernest Lesieur avait rencontré Edmond Marceau, Mathilde et Hortense étaient toutes deux au salon, causant toilette relativement à leur prochaine réception, lorsque se fit entendre la cloche de la porte. La servante apporta aussitôt un billet pour Hortense.

Il se lisait ainsi :

Mademoiselle,

Me pardonnerez-vous le trouble que je vais vous causer en faveur de mon plus intime ami M. Ernest Lesieur, qui est à Montréal depuis hier ? J’ose vous