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VENGEANCE FATALE

Il l’examina longtemps.

Ce jonc très uni était seulement émaillé d’une petite fleur bleue. Il était en tout semblable à celui que portait Darcy.

Louis retira de l’enveloppe un billet et lut tout haut :

« Mon fils, défie-toi toujours de celui, qui portera un jonc semblable à celui que je te laisse. Je te prie de le conserver précieusement en souvenir de ta mère.

Plus bas, il y avait :

« Défie-toi de celui qui a nom Raoul de Lagusse. »

La lettre était signée :

Mathilde Gagnon Hervart

Elle était datée du 29 décembre 1838.

Or, cette date était précisément celle du jour, où Louis était devenu orphelin de sa mère. On sait que son père avait été tué au feu de St-Denis, un an auparavant.

Ce papier était, sans contredit, d’une grande importance pour Louis.

Nos lecteurs sauront plus tard comment ce précieux document se trouvait en sa possession.

Il resta plusieurs heures à contempler ce jonc et à relire les derniers avis qui lui venaient de sa mère.

Tout à coup, le son argentin d’une horloge, suspendue dans sa chambre, le fit tressaillir.

Trois heures venaient de sonner.

— Trois heures ! s’écria-t-il, et Hortense qui m’attendait pour dîner !

Il replaça le tout comme c’était auparavant, et se rendit immédiatement chez M. Darcy.