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VENGEANCE FATALE

Quant à Darcy, il épiait la figure de son futur gendre. En le voyant ainsi envahi par cette pâleur subite un sourire de cruelle satisfaction passa sur ses lèvres, Mais que peut donc lui faire ce jonc, se disait-il ? Il était trop jeune alors, il ne peut avoir garder aucun souvenir de cette effroyable nuit, il n’avait qu’un an.

De son côté Louis se remit assez vite, et la pâleur qui couvrait son visage disparut complètement. Il continua à causer comme si rien n’était arrivé.

Mais à son départ de chez M. Darcy, il se prit à crier : « Hortense n’est pas ma sœur ; cela ne se peut pas, ce serait trop affreux. »

Et il se frappait le front. Eh non ! elle n’est pas ma sœur, reprit-il soudain, puisque je n’avais qu’un an lorsque ma mère est morte, et je suis un enfant unique. Mais n’importe, ce jonc m’embarrasse tout de même. Ce jonc ! ce jonc ! Il faudra bien que je sache, oui il faut que je sache.


VI

M. PUIVERT


Peu de temps après les événements auxquels nous avons fait assister nos lecteurs, un riche fermier de Sainte-Anne de Bellevue, mieux connue sous le nom de Sainte-Anne du bout de l’Isle, étant située à l’extrémité nord-ouest de l’Isle de Montréal, prenait un train express pour Montréal. Il venait à peine de s’asseoir dans un wagon de première classe et de déplier son journal, lorsqu’il se sentit légèrement frappé sur l’épaule.