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VENGEANCE FATALE

Tout à coup son front s’illumina.

Il venait de découvrir un moyen.

— Bête que j’étais ! dit-il, n’avoir pas songé à cela plus tôt !

Et ce disant, il mit dans ses poches une assez grande quantité de montres, de chaines et d’autres objets, ferma le magasin sans bruit, et s’en alla dans une direction tout à fait opposée à colle de son logis.

Après un quart d’heure de marche, il arriva devant une petite maison de chétive apparence, saisit le marteau de la vieille porte qui était toute détériorée, et frappa trois coups avant qu’on ne l’ouvrit.

Enfin elle s’entrebâilla pour donner passage à une vieille femme d’apparence hideuse, qui demanda d’une voix grogneuse :

— Qui est-ce ?

— Victor est-il ici ? demanda Edmond.

— Qui est-ce qui veut Victor ?

— Moi, Narcisse Lafond.

— Ah ! c’est toi. Je ne te reconnaissais pas, dit la vieille en caressant le menton de Narcisse. Il paraît que je me fais vieille. Mais aussi, quand on est pauvre et qu’il faut rester honnête, il faut vieillir avant l’âge ajouta-t-elle, en fermant la porte sur le voleur qui venait d’entrer.

— J’ai pensé comme vous, mère Dupuis, dit Narcisse, et je viens proposer une fortune à Victor.

— Quant à lui, fit la mégère, il serait bien bête de rester honnête, à moins qu’il n’ait envie de crever comme son père, quêteux et tout nu. Aussi quand il est mort, il