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VENGEANCE FATALE

— Fort bien, je ne te questionnerai pas davantage à ce sujet ; mais j’aimerais à savoir si c’est toi qui lui as demandé de venir à Montréal, ou si c’est M. Darcy.

— C’est monsieur Darcy.

— Alors, comment as-tu appris qu’il prenait le convoi hier ?

— Ce que tu me demandes n’est autre chose que la question que tu me posais tout à l’heure, sous une nouvelle forme.

— Cependant…

— Tiens, écoute, je n’ai rien à te cacher, tu es un bon ami et, d’ailleurs, il n’y a rien dans toute cette affaire qui soit bien compromettant pour moi. Tu sais que je connais très bien l’employé du Grand-Tronc, à la gare de Ste-Anne, et que nous sommes de vieux amis. Il n’y a que quelques jours, mes affaires m’ayant appelé à Ste-Anne, je causais avec lui lorsque la conversation tomba sur Darcy. Cela l’amena à parler de Puivert. Il l’avait vu dans la journée et il avait ainsi appris son départ pour le lendemain. Il me dit aussi que Puivert est un cultivateur riche et le fermier de M. Darcy, qui possède à Ste-Anne une terre voisine des siennes. Je n’ai rien autre chose à t’apprendre, tu connais le reste.

— Je te félicite d’avoir mené aussi bien cette affaire ; et maintenant, je n’ai plus rien à te demander.

— Il est temps, car voilà Puivert qui arrive.

Effectivement celui-ci arrivait pour retirer le montant de ses billets.

— M. Puivert, dit Edmond en lui ouvrant la porte, je commençais à craindre que vous manqueriez à votre engagement ; c’eût été fâcheux, car je m’absente de la ville pour la journée, mais heureusement vous voilà.