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VENGEANCE FATALE

s’envoler. Il n’eût alors rien demandé que de reprendre le chemin de l’Hôtel Rasco sans avoir tiré un sou des deux brigands, car il s’apercevait que les choses tournaient au tragique, mais Edmond ne l’avait pas fait venir dans son bureau seulement pour causer ; il désirait quelque chose de plus.

— Là en conscience, M. Puivert, avez-vous jamais déposé de l’argent chez moi ?

— Non, mais vous m’avez donné ces reçus et…

— Vous vouliez en profiter, dit Victor en riant.

— C’est cela.

— Mais cela était fort malhonnête de votre part, M. Puivert

— Je le sais : aussi ne demanderai-je pas le montant des reçus qu’il m’avait remis. Laissez-moi partir.

— Un instant, M. Puivert, vous ne me demanderez plus d’argent, cela est fort bien. Mais ce ne peut être la même chose pour moi. Vous comprendrez, en effet, que je ne vous ai pas invité à mon bureau, seulement pour le plaisir de perdre la moitié de ma journée avec vous. Vous allez donc nous donner quelques billets de banque, à moi d’abord, puis ensuite à mon ami que voici et qui a bien voulu m’aider dans le projet de vous dévaliser. Il est juste qu’il ait sa récompense. Puivert était fort. D’une main il repoussa Edmond et voulut fuir. Mais devant lui se présenta Victor, qui lui appuya la crosse d’un pistolet sur la tempe et lui dit : « faites un pas de plus et vous êtes un homme mort. »

— Que voulez-vous donc de moi ? s’écria Puivert atterré.

— De l’argent, répondit froidement Edmond.