Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/50

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— Et comment ! repartit l’autre, en riant de toutes ses dents. Qu’on m’en donne comme ça tous les jours, et je fais de ce rayon le plus costaud du magasin.

— Alors ça va ! Voilà le dossier, je vous la laisse.

L’homme toisa Louise avec décision. Il pensait : jeune fille bien élevée, petite-bourgeoise obligée de gagner son pain. Un amant, pas plus. Si elle sait vendre, ça sera un as ici ! mais… il faut passer l’examen.

— Mademoiselle, je suis ravi de vous avoir. On aurait dû vous envoyer tout de suite à moi, au lieu de vous promener dans ce magasin. Ça a dû vous en dégoûter ?

Louise répondit franchement :

— Si je n’avais pas besoin de manger, certes, j’aurais plaqué tout ça. On m’a déjà attribué tous les vices et toutes les tares.

— Oui ! je les connais : mes confrères sont rien moins que délicats. Mais moi je vous ai découverte, je vous garde. Venez ici !

Il la mena dans une sorte de réduit, placé au centre d’un rayon du magasin, et autour duquel se déroulait la vente des corsages pour dames. Large de deux mètres, ce lieu devait permettre aux policiers de surveiller les acheteuses et les vendeurs. On n’y était point vu, sauf si, par malencontre, l’étalage eût été défait.

— Mademoiselle, c’est ici que je dois voir…

— Quoi donc, monsieur ?

— Presque rien, votre forme pour les corsages, car vous aurez à en essayer des centaines. Excusez-moi, mais je vois que vous êtes bien faite et il s’agit de gabarit de perfection…