Page:Dormienne - Les Caprices du sexe.djvu/88

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Elle étendit la main négligemment jusqu’à la braguette de ce galant cacochyme et y glissa ses doigts.

— Diable, monsieur, vous portez là plusieurs sexes ?

De fait, elle avait rencontré une masse énorme, plus puissante encore que la demi-bouteille à champagne nègre chère à la princesse Spligarsy. Il fut gêné :

— Oui, certainement, mais vous ne serez pas condamnée à absorber tout.

— Ni même la moitié ? répartit-elle en éclatant de rire. Faites voir ?

Il hésita, tant les façons ironiques de la jeune fille le déconcertaient, puis il exhiba le plus monstrueux phallus qu’ait jamais porté un être humain. C’était un pieu de longueur normale, mais de diamètre colossal. Et au lieu de se présenter avec élégance, avec la forme cylindrique qui sied à cet objet, cela faisait comme un paquet de verrues géantes, liées par la torsion de veines et de tuméfactions bizarres, violettes, rouges et bleues. Rien ne disait que ce fût là une verge d’homme. On eût bien plutôt cru un moignon de cuisse.

Blottsberg regarda sa compagne avec hésitation. Il avait honte de sa virilité et paraissait demander pardon.

Elle devina qu’il fallait éviter de se moquer du pauvre homme, traînant une salacité israélique avec un priape de cette forme : choses qui devaient mal se marier.

Tous deux se dévisagèrent un instant. Ému que la jeune fille n’éclatât point de ce rire qui tue la volupté et ne le couvrît de moquerie, le banquier murmura :

— Aimer tant les femmes et ne pouvoir leur faire partager mon désir !

Louise prit l’air innocent :