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L’HISTOIRE

philosophie de français des Îles. Il caractérisait avec une clairvoyance malveillante, les procédés qui ont assuré à l’Angleterre de longues dominations :

« La nation anglo-saxonne, écrivait il, si énergique comme race colonisatrice, s’est montrée sans cesse, entre tous les peuples anciens et modernes, la race antipathique et destructive par excellence. Cela n’a pas été seulement la condition de son originalité mais, en quelque sorte, la loi de son existence.[1] »

Il remarquait qu’elle a vécu, en dehors et au-dessus des peuples hindous, qu’elle ne s’est jamais rien assimilé. Enfin il opposait à ses mœurs, l’idéal, qui fut celui de la France et qui faillit triompher avec Dupleix : une conquête, armée sans doute, mais surtout pacifique, fondée sur les principes, sur la solidarité des intérêts commerciaux, et, par la suite, sur l’assimilation des mœurs.

La minute paraissait favorable à Leconte de Lisle pour orienter la curiosité du côté de l’histoire. Lui qui, d’ordinaire, avait peu d’indulgence pour les penchants littéraires et scientifiques, de ses contemporains, il constate, cette fois, ce regain de l’intérêt général pour les découvertes de la philologie et de la critique, qui rajeunissent le problème des origines :

« Aucun siècle, dit-il, n’a été, à l’égal du nôtre, celui de la science universelle. L’histoire, la langue, les mœurs, les théogonies des peuples anciens nous sont révélés d’année en année, par des savants illustres. Les faits, les idées, la vie intime, la vie extérieure, tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser des hommes disparus, appelle l’attention des intelligences élevées[2].

Au nombre de ces « intelligences élevées », qui venaient d’être attirées par les chances que l’histoire offre de don-

  1. « L’Inde française ». Démocratie Pacifique, 1857.
  2. Préface des Poèmes et Poésies, 1855.