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CHAPITRE XII

La Vie passionnelle

La discrétion que Leconte de Lisle s’est imposée, non seulement comme une règle de goût, mais comme une discipline philosophique et poétique, est cause que la lecture de ses poèmes, l’examen de ses papiers, les recherches dans sa correspondance, et les souvenirs de ceux qui furent les témoins de sa vie, fournissent peu de renseignements sur les aventures de cœur qui l’arrachèrent à ses préoccupations purement cérébrales, pour lui révéler l’amour, dans sa plénitude humaine de bonheur et de souffrance.

La chronique bourbonnienne, qui a conservé avec tant de fidélité les moindres détails de la première jeunesse et des débuts littéraires du poète, ne prononce qu’un nom à propos des émotions sentimentales de son adolescence ; celui d’une de ses cousines Mlle de Lanux. La grand’mère maternelle, de Leconte de Lisle, Mme de Lanux, avait eu un fils qui, rompant avec les préjugés créoles, avait épousé une mulâtresse. De ce mariage, qui avait jeté un froid entre les deux branches de la famille, était née une fille qui réunissait les séductions de deux races. Le trouble que causait, au jeune