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LES TENDANCES DU THÉATRE EN VERS

envisagé Tessentielle passion d’une façon inexacte, fausse et conventionnelle, j’ai essayé de faire autrement et que, dans le monde des gens d’esprit qui servent de porte— voix au poète, il ne sert à rien d’avoir pour soi la Raison et la Vérité, lorsqu’on a contre soi le Préjugé et sa sœur cadette la Tradition » (1).

Il reste de tout cela, que le pur Ijn^isme et le symbolisme n’ont leur place au théâtre que comme des morceaux de bravoure, comme des éclairs d’épées, comme des oraisons jaculatoires, comme des cris d’amour, comme le frisson d’une plume sur une toque. Aucune tentative poétique ne peut aujourd’hui, pas plus qu’hier, s’acclimater avec succès sur la scène, si, avant tout, elle ne se préoccupe pas d’animer, par l’action, le poème qu’elle présente, de réglementer cette action selon les règles d’une dynamique connue, et de la plier aux exigences scéniques.

Théâtre classique

Telle est, à peu près, la leçon que nos poètes tout contemporains ont fort à propos rapprise, non plus dans des manuels de littérature classique, mais dans la fréquentation directe du théâtre grec.

Sans doute, ils n’ont pas séparé ce réveil d’amour pour la beauté en action, du souvenir précis des chefs-d’œuvre français que l’imitation du

(1) M. Albert du Bois. II s’agit de sa Dernière Dulcinée qui, avec des coupures, des retouches, un changement de titre, et de la musique de Massenet, a été jouée sous le nom de Don Quichotte, 1910. Depuis, M. du Bois a donné un Rabelais, un Victor Hugo, un Byron qui se rapprochent de la verve classico-romantique et ont eu un public. A côté de lui, M. René Fauchois a écrit un noble Beethoven, dont les qualités de clarté et d’émotion ont touché la jeunesse contemporaine (Odéon 1910).