Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
MA TANTE


allumé un grand feu, croyant en avoir besoin pour faire la compote de pigeons annoncée du matin, car je ne savais pas encore que, quand ce couple avare dînait en ville, il n’y avait pas de souper à la maison… madame monta, et me dit de l’éteindre bien vîte, et d’aller me coucher, parce que monsieur se trouvait indisposé, et qu’ayant très-bien dîné, ainsi qu’elle, ils n’avaient pas besoin de manger.

Là-dessus, elle me renferma dans mon grenier pour jusqu’au lendemain, sans se soucier de ce que mon estomac n’était pas si bien garni que les leurs… Cependant, vu la scène du matin, et leur bon repas pris en ville, je n’avais ni déjeûné, ni dîné, ni soupé… et ce que j’avais mangé pendant les deux premiers jours, ne m’avait pas coûté de peine à digérer. Dieu garde les jeunes filles de bon appétit, d’être servantes chez des procureurs !