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MA TANTE


» pas encore éveillée, et ça demande déjà à se remplir le ventre !… Avant que de manger, mam’selle, il faut travailler pour gagner sa nourriture. — Eh mon dieu, ma chère dame ! je ne suis pas éveillée, dites-vous ?… Eh ! je n’ai pas pu fermer l’œil de toute la nuit ! et pour travailler avant de manger, je n’en aurais pas la force, car, après les quatre cuillerées de haricots que vous m’avez données le premier jour, et la demi-botte de raves le second, j’ai bien passé tout le troisième à sec, et je ne crois pas qu’il me faille faire beaucoup de besogne pour gagner une si mince nourriture.

» — Ah, ah ! outre que vous êtes gourmande, vous êtes encore paresseuse et raisonneuse !… C’est bon à savoir ; et tout cela me prouve, comme je m’en étais bien doutée d’avance, que vous êtes un joli sujet ! — Madame, je ne sais pas si je suis belle ou laide, et ce n’est pas là ce qui m’inquiète le