Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/200

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m’égaler. Ce n’est que lorsque vous vous serez vaincu vous-même que je pourrai croire à votre sincérité…

— Dès demain, je te dirai : Votre Excellence !

— Non, pas demain, colonel ; demain, cela va de soi ! J’exige que vous me le disiez tout de suite.

— Bien, Foma, je suis prêt… Seulement comment le dire comme ça tout de suite ?

— Pourquoi pas tout de suite ? Auriez-vous honte ? Si vous avez honte, c’est une insulte que vous me faites.

— Eh bien Foma, je suis prêt… et j’en serai fier… Seulement Foma, puis-je te dire comme ça tout d’un coup : « Bonjour, Votre Excellence ? » On ne peut pas faire ça…

— Votre « bonjour, Votre Excellence » serait insultant ; ça aurait l’air d’une plaisanterie, d’une farce que je ne saurais admettre. Je vous en prie, colonel ! prenez un autre ton !

— Foma, tu ne plaisantes pas ?

— D’abord, je ne suis pas tu, Yégor Ilitch, mais vous ; ensuite je ne suis pas Foma, mais Foma Fomitch ; ne l’oubliez pas.

— Je jure, Foma Fomitch, que je suis plein