Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/232

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qu’il lui a tout raconté. Je me tais et j’attends ; eux m’espionnent et l’affaire traverse une phase excessivement délicate. Voilà pourquoi je me hâte.

— Mais que craignez-vous d’eux ?

— Je ne crois pas qu’ils puissent faire grand-chose ; mais, en tout cas, ils me nuiront. Ils exigeront de l’argent pour payer leur silence et leur concours ; je m’y attends… Seulement, je ne peux ni ne veux leur donner beaucoup ; ma résolution est prise : il m’est impossible de leur abandonner plus de trois mille roubles de commission. Comptez : trois mille roubles pour eux, cinq cents que coûtera le mariage ; il faudra payer les vieilles dettes, donner quelque chose à ma sœur… Que me restera-t-il sur les cent mille roubles ? Ce serait la ruine !… D’ailleurs, les Obnoskine sont partis.

— Ils sont partis ? demandai-je avec curiosité.

— Aussitôt après le thé ; que le diable les emporte ! Demain, vous les verrez revenir. Allons, voyons, consentez-vous ?

— Je ne sais trop que répondre. L’affaire est très délicate. Vous pouvez compter sur mon absolue discrétion ; je ne suis pas Obnoskine ; mais… je crois bien que vous n’avez rien à espérer de moi.

— Je vois, dit Mizintchikov en se levant, que