Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/277

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ajouta : — C’est à une vingtaine de verstes d’ici, mon ami, un petit village d’une trentaine d’âmes qu’un employé en retraite du chef-lieu vient d’acheter à l’ancien propriétaire. C’est un chicanier comme on en voit peu. Du moins, on lui a fait cette réputation, peut-être injustement. Stépane Alexiévitch assure que telle est précisément la direction prise par Obnoskine, et l’employé retraité serait son complice.

— Parbleu ! cria Bakhtchéiev, tout ragaillardi. Je vous dis que c’est à Michino ! Seulement, il est bien possible qu’il n’y soit plus, votre Obnoskine. Nous avons perdu trois heures à bavarder !

— Ne vous inquiétez pas, interrompit Mizintchikov. Nous le retrouverons.

— Oui, c’est ça ; nous le retrouverons ; mais bien sûr ! En attendant, il tient sa proie et il peut courir !

— Calme-toi, Stépane Alexiévitch, calme-toi ; nous les rattraperons, dit mon oncle. Ils n’ont pas eu le temps de rien organiser. Tu verras.

— Pas le temps de rien organiser ! répéta Bakhtchéiev d’une voix furieuse. Oui, elle n’aura eu le temps de rien organiser, avec son apparence si douce ! « Elle est si douce ! dit-on, si douce ! » — fit-il d’une voix flûtée qui voulait évidemment