Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/294

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— Mais voyons, Monsieur ! Hier encore, je reconnus en vous l’homme supérieurement instruit. Ne me condamnez pas. C’est ma mère qui m’a induit en tentation, mais je n’ai aucune responsabilité là-dedans. J’aurais plutôt le goût de la littérature ! Je vous assure que c’est ma mère qui a tout fait.

— Eh bien, répondis-je, je vous crois ; adieu !

Nous partîmes au galop, poursuivis longtemps encore par les cris et les malédictions d’Anfissa Pétrovna, cependant que toutes les fenêtres de la maison se garnissaient subitement de visages inconnus qui nous regardaient avec une curiosité sauvage.

Nous étions cinq dans la calèche. Mizintchikov était monté sur le siège, à côté du cocher, pour laisser sa place à M. Bakhtchéiev qui se trouvait maintenant en face de Tatiana Ivanovna. Elle était très contente que nous l’emmenions, mais continuait à pleurer. Mon oncle la consolait de son mieux. Il était triste et pensif ; on voyait que les infamies vomies par Anfissa Pétrovna sur le compte de Nastenka l’avaient péniblement affecté. Cependant, notre retour se fût effectué sans encombre sans la présence de M. Bakhtchéiev.

Assis vis-à-vis de Tatiana Ivanovna, il se trouvait