Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/301

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— Mon oncle, ne comptez pas sur lui ; il ne vous fera que des misères.

— Non, non, mon ami ; ne dis pas cela ! criait mon oncle avec de grands gestes. J’ai confiance. D’ailleurs, c’est mon dernier espoir. Il saura comprendre ; il saura apprécier les circonstances. Il est hargneux, capricieux, je ne dis pas le contraire, mais, quand il s’agira de générosité, il brillera comme un diamant… oui, comme un diamant. Tu en parles comme tu le fais parce que tu ne l’as jamais vu dans ses moments de générosité… Mais, mon Dieu ! s’il allait parler de ce qu’il a vu hier, alors, vois-tu, Serge, je ne sais ce qu’il pourrait arriver ! À qui se fier, alors ? Non, il est incapable d’une pareille lâcheté. Je ne vaux pas la semelle de ses bottes ! Ne hoche pas la tête, mon ami, c’est la pure vérité, je ne la vaux pas.

— Yégor Ilitch, votre maman désire vous voir ! glapit d’en bas la voix désagréable de la Pérépélitzina. Elle avait certainement eu le temps d’entendre toute notre conversation par la fenêtre. — On vous cherche vainement dans toute la maison.

— Mon Dieu ! me voilà en retard. Quel ennui ! fit précipitamment mon oncle. De grâce, mon ami, habille-toi. Je n’étais venu que pour te