Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/366

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moi, Falaléi (et dis la vérité !), de quoi as-tu rêvé cette nuit ? Vous allez voir, colonel, les fruits de votre politique ! Voyons, parle, Falaléi !

Tremblant d’effroi, le malheureux enfant jetait autour de lui des regards désespérés qui cherchaient un appui ; mais tous attendaient sa réponse en frissonnant.

— Eh bien, Falaléi, j’attends !

Pour toute réponse, Falaléi fit une affreuse grimace, ouvrit une bouche immense et se mit à pleurer comme un veau.

— Eh bien, colonel, vous voyez cet entêtement ? Est-ce naturel ? Pour la dernière fois, Falaléi, je te demande de quoi tu as rêvé cette nuit ?

— De…

— Dis que tu as rêvé de moi ! lui souffla Bakhtchéiev.

— De vos vertus ! lui souffla Éjévikine dans l’autre oreille.

Falaléi se tournait alternativement de chaque côté, puis :

— De vos… de vos ver… du bœuf blanc ! beugla-t-il enfin, et il fondit en larmes.

Il y eut un ah ! horrifié. Mais Foma Fomitch était en humeur de générosité :

— Je me plais du moins à reconnaître ta fran-