Page:Dostoïevski - Crime et chatiment, tome 2.djvu/133

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gent qui se trouvaient sur la table. Il s’ensuivit une confusion, un vacarme indescriptible ; les enfants se mirent à pleurer, Sonia s’élança vers sa belle-mère pour l’empêcher de se porter à quelque violence ; mais Amalia Ivanovna ayant soudain lâché tout haut une allusion au billet jaune, Catherine Ivanovna repoussa la jeune fille et marcha droit à la logeuse, prête à lui arracher son bonnet. En ce moment la porte s’ouvrit, et sur le seuil apparut tout à coup Pierre Pétrovitch Loujine. Il promena un regard sévère sur toute la société. Catherine Ivanovna courut à lui.

III

— Pierre Pétrovitch ! cria-t-elle, protégez-moi ! Faites comprendre à cette sotte créature qu’elle n’a pas le droit de parler ainsi à une dame noble et malheureuse, que cela n’est pas permis… Je me plaindrai au gouverneur général lui-même… Elle aura à répondre… En souvenir de l’hospitalité que vous avez reçue chez mon père, venez en aide à des orphelins.

— Permettez, madame… Permettez, permettez, madame, dit Pierre Pétrovitch en faisant un geste pour écarter la solliciteuse, — je n’ai jamais eu l’honneur, comme vous le savez vous-même, de connaître votre papa… permettez, madame (quelqu’un se mit à rire bruyamment) ! et je n’ai pas l’intention de prendre parti dans vos continuels démêlés avec Amalia Ivanovna… Je viens ici pour une affaire qui m’est personnelle… je désire avoir une explication immédiate avec votre belle-fille, Sophie… Ivanovna… C’est ainsi, je crois, qu’elle se nomme ? Permettez-moi d’entrer…

Et laissant là Catherine Ivanovna, Pierre Pétrovitch se