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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

teurs du moujik ? Le juif a-t-il jamais semblé s’en repentir ? Et c’est lui qui se plaint que le peuple russe l’aime peu !

C’est moi qui demanderais à mes correspondants juifs d’être plus indulgents pour nous.

Il serait à désirer que l’union se fit entre eux et nous, que les accusations que nous portons les uns contre les autres finissent pas s’atténuer. On peut se porter garant de la bonne volonté du peuple russe. Il ne demandera pas mieux de vivre avec le juif sur un pied de fraternité parfaite. Mais sommes-nous sûrs de la réciprocité de la part des juifs ? Que le juif nous montre un peu de sentiment fraternel pour nous encourager !

Je sais qu’il y a parmi les israélites un certain nombre de gens qui ne demanderaient pas mieux que de mettre fin aux malentendus ; et ce n’est pas moi qui tairait cette vérité. Mais jusqu’à quel point sont-ils capables de nous aider dans une œuvre de rapprochement vraiment fraternel ?


UN ENTERREMENT


J’ai, vous le savez, reçu ces temps-ci pas mal de lettres : il y en avait même d’anonymes. Je n’ai pas le temps de parler de toutes, mais je ne voudrais pas passer sous silence une lettre, — nullement anonyme, celle-là, — que m’a adressée une jeune fille juive dont j’ai fait la connaissance à Pétersbourg et qui m’écrit aujourd’hui de M… Avec Mlle L… je n’ai presque jamais abordé la question juive, bien qu’elle me paraisse du nombre des juives éclairées et de bonne foi. Sa lettre se relie très naturellement au chapitre que je viens d’écrire sur ses coreligionnaires. Elle traite la question à un autre point de vue que moi, mais semble apporter un commencement de solution.

Il s’agit de l’enterrement, à M…, du docteur Hindenbourg :