Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/122

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elle avait donc gardé pendant l’hiver assez de présence d’esprit et de bonne humeur pour rire à la lecture de ce chef-d’œuvre. Elle commençait à se tranquilliser complètement, à croire sérieusement que je la laisserais vivre comme cela : « Moi qui espérais que vous me laisseriez vivre comme cela » voilà ce qu’elle m’avait dit le mardi ! Oh quelle pensée d’enfant de dix ans ! Et elle croyait qu’en effet je la laisserais vivre comme cela : elle à sa table, moi à mon bureau, et ainsi de suite jusqu’à soixante ans. Et voilà tout à coup que je viens en mari, et il faut de l’amour au mari ! Malentendu ! Aveuglement !

J’avais le tort aussi de trop m’extasier en la regardant. J’aurais dû me contenir, car mes transports lui faisaient peur. Je me contenais, d’ailleurs, je ne lui baisais