Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/124

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Alexandrovna les attendait de ses nobles concitoyens les Mordassoviens, et surtout de la noble société des dames Mordassoviennes. Elle connaissait par expérience toute leur haine. Elle ne doutait pas par exemple qu’en ce moment même tout le monde connaissait ses intentions, bien que personne n’en eût parlé à personne. Elle savait, par une triste expérience, que pas un événement, même le plus caché, de sa vie, arrivé le matin, n’était ignoré le soir de la dernière commère. Maria Alexandrovna ne faisait que pressentir le danger, mais ces sortes de pressentiments, qui ne l’avaient jamais trompée, ne la trompaient pas cette fois encore.

Voici en effet ce qui était arrivé et ce qu’elle ne savait pas encore. Vers midi, c’est-à-dire juste trois heures après l’arrivée du prince à Mordassov, des bruits étranges circulèrent dans la ville. Quel était leur point de départ ? Personne ne le savait, mais ils se répandirent presque instantanément.