Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment où il atteignait la maison de sa rivale, et malgré tout, malgré les objections de Mozgliakov lui-même, qui craignait un scandale, elle mit le petit vieillard dans sa voiture. C’est précisément en ceci que Maria Alexandrovna se distinguait de ses rivales. Dans les occasions décisives, elle ne s’arrêtait pas devant un scandale, ayant pour axiome que le succès justifie tout. Il va sans dire que le prince ne fit pas grande résistance, oublia tout comme à l’ordinaire et fut très satisfait.

À dîner, il ne cessa de bavarder, très joyeux, faisant des calembours, racontant des anecdotes qu’il n’achevait pas et passant de l’une à l’autre sans y prendre garde. Il avait bu trois verres de champagne chez Natalia Dmitrievna. Au dîner, il en but encore et finit par être plus que gai. Maria Alexandrovna lui versait elle-même à boire. Les mets étaient irréprochables, ce brigand de Nikitka ayant oublié de les brûler. La maîtresse de la maison tâchait d’électriser son