Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/132

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— Où allez-vous donc ? lui demande-t-elle avec sympathie.

— Voyez-vous, Maria Alexandrovna, commence Mozgliakov avec embarras, il m’est arrivé une étrange histoire… Je ne sais même comment vous la dire… Mais donnez-moi un conseil, pour l’amour de Dieu !

— Quoi ? Qu’y a-t-il ?

— Mon parrain, Borodonïev… vous savez, ce marchand… je l’ai rencontré aujourd’hui… il est très irrité, il m’a fait des reproches, il dit que je suis orgueilleux. Voilà trois fois que je viens à Mordassov sans aller chez lui. « Viens aujourd’hui, m’a-t-il dit, prendre une tasse de thé chez moi. » Il est juste quatre heures, et il prend le thé à l’ancienne mode, vers cinq heures, après sa sieste. Que faire ? Je comprends, Maria Alexandrovna… Mais pensez donc ! Il a, pour ainsi dire, empêché mon père de se pendre quand il perdit l’argent de l’État. C’est à cette occasion d’ailleurs qu’il a