Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/143

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lard est tout ému, si vous saviez quel trésor, comme elle sait aimer, comme elle est tendre avec moi ! quel cœur ! quels sentiments !

— Mais oui… les sentiments… Et, savez-vous ? je n’ai jamais connu qu’une femme qui aurait pu lui être comparée pour la beau-au-té, répond le prince en avalant sa salive : c’est la feue comtesse Naïnskaïa. Il y a trente ans qu’elle est morte. Une merveilleuse fâ-emme, d’une beauté ! Elle a épousé son cuisinier.

— Son cuisinier, prince !

— Mais oui, son cuisinier, un Français, à l’é-étranger. Elle lui a procuré, à l’é-étranger, un titre de comte. Un homme très instruit, avec de petites moustaches.

— Et comment vivaient-ils donc, prince !

— Mais oui, ils vivaient bien ! Du reste, ils ne tardèrent pas à se séparer. Il l’a volée et il est parti. Je crois que c’est à propos d’une sauce qu’ils se sont brouillés.

— Maman, que faut-il jouer ?