Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/168

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commencement, il y a longtemps que je vous aurais répondu. Oui, vous avez raison, c’est moi qui ai tout fait, moi seule ; n’accusez pas Zina. Pourquoi l’ai-je fait ? Je réponds : d’abord pour Zina. Le prince est riche, de noble maison, il a des relations, et en l’épousant Zina fera un bon mariage. Enfin, s’il meurt, ce qui ne tardera pas, car nous sommes tous plus ou moins mortels, — alors Zina, jeune veuve, de la haute société, sera très riche et épousera qui elle voudra. Or elle épousera certainement celui qu’elle aime, qu’elle aima le premier, dont elle aura meurtri le cœur en épousant le prince. Et le repentir seul… Elle n’aura rien tant à cœur que de réparer sa faute.

— Hum ! grogne Mozgliakov en contemplant, rêveur, le bout de ses bottes.

— En second lieu… mais je serai brève là-dessus, vous ne me comprendriez peut-être pas. Vous ne savez que lire votre Shakespeare, vous y puisez tous vos nobles sentiments et enfin vous êtes si jeune ! Mais