Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/171

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prie, est-ce dans un but d’intérêt personnel ? À moi, Pavel Alexandrovitch, il ne faut plus rien : j’ai vécu mon siècle[1], j’ai calculé pour elle, pour mon ange, pour mon enfant ; et quelle mère pourrait m’en blâmer ?

Les larmes inondent les joues de Maria Alexandrovna. Pavel Alexandrovitch a écouté avec étonnement cette confession : ses paupières battent, il cherche à comprendre.

— Mais oui ! quelle mère ?… finit-il par dire.

Mais il se reprend aussitôt :

— Vous chantez à merveille, Maria Alexandrovna, mais vous m’aviez donné votre parole, vous m’aviez permis d’espérer… Comment puis-je supporter cela ? J’en suis pour ma honte !

— Croyez-vous donc que je n’aie pas pensé à vous, mon cher Paul ? Au contraire, dans tous mes calculs, vous aviez

  1. Façon de parler russe, pour : ma vie finie.