Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/174

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chez d’elle et que vous lui dites : « Zinaïda, je t’aime plus que ma vie, mais des raisons de famille nous séparent. Je comprends ces raisons : il s’agit de ton bonheur et je n’ose pas m’élever contre lui. Zinaïda, Je te pardonne : sois heureuse si tu peux ! » Là-dessus, vous lui jetez un regard, — un regard d’agneau mourant, si j’ose m’exprimer ainsi. Imaginez-vous tout cela et pensez à l’effet qu’aurait produit cette scène sur son cœur.

— Oui, Maria Alexandrovna, supposons tout cela… J’aurais pu en effet tenir ce langage… mais je n’en serais pas moins parti éconduit.

— Non, non, non, mon ami. Ne m’interrompez pas. Je veux achever de vous peindre ce tableau pour produire sur vous une impression noble et complète. Imaginez-vous donc que vous la rencontrez ensuite dans quelque temps, dans la haute société, dans un bal illuminé à giorno, au son d’une musique enivrante, parmi de