Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/203

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t-il comme Maria Alexandrovna me l’a dépeint ? » Il se rappelle juste en cet instant que Maria Alexandrovna est une femme très rusée ; que, malgré l’estime générale dont elle jouit, c’est une terrible commère qui ment à journée pleine ; qu’elle a pu avoir pour l’éloigner des raisons particulières ; qu’enfin, faire un tableau séduisant n’en gage à rien. Il pense à Zina, il revoit son regard d’adieu si peu compatible avec un fol amour. Il se souvient qu’une heure auparavant il a tout de même été traité de sot par elle. À ce souvenir, Pavel Alexandrovitch s’arrête tout à coup, comme cloué en place, et rougit jusqu’aux larmes. Comme exprès, un moment après, lui arrive un accident désagréable : il glisse et tombe dans un tas de neige. Pendant qu’il patauge, une bande de chiens qui aboyaient depuis quelque temps après lui accourent de tous côtés ; l’un d’eux, le plus petit et le plus entreprenant, s’accroche au pan de sa chouba. Pavel Alexandrovitch se dépêtre