Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/269

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C’est ce qui arrive à notre Mozgliakov. Désolé du malheur qu’il a provoqué, il se déteste, le remords le déchire, le dernier mot de Zina le laisse anéanti. Passer d’un extrême à l’autre est pour lui l’affaire d’un instant.

— Je suis un âne, Zinaïda Aphanassievna ! Eh ! quoi, un âne ! Pis ! Mais je vous prouverai, Zinaïda Aphanassievna, que je puis redevenir un homme honorable !… Petit oncle, je vous ai trompé ! C’est moi, c’est moi qui vous ai trompé ! Vous ne rêviez pas, vous avez réellement demandé à Zinaïda Aphanassievna sa main ! Je vous ai trompé en vous disant que c’était un rêve…

— D’étonnantes choses se dévoilent devant nous, siffle Natalia Dmitrievna.

— Mais oui… un rêve… répond le prince. Tranqui-quillise-toi, je l’en prie ; tu m’as effrayé, pa-parole ! Quelle belle voix tu as ! Je suis prêt à me marier, s’il le fau-faut… Mais toi-même, tu m’assurais que c’est un rê-êve.