Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/280

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ment une partie de ton amour de jadis ! au moins pendant cette dernière heure… Je sais, je suis indigne de ton amour, mais… mais… mais… ô mon ange !

Zina écoutait en pleurant. Elle cherchait à l’interrompre, mais il continuait, la suppliant du geste, et sa voix faible, étouffée et sifflante, faisait mal à Zina.

— Si tu ne m’avais pas rencontrée, tu ne m’aurais pas aimée et tu ne mourrais pas, dit Zina. Ah ! pourquoi, pourquoi nous sommes-nous rencontrés ?

— Non, mon amie, non, ne te reproche pas ma mort. C’est ma faute à moi seul. L’amour-propre, le romantisme !… T’a-t-on raconté, Zina, ma sotte histoire ? Il y avait ici, il y a trois ans, un prisonnier, un misérable brigand. Mais quand le jour du châtiment fut arrivé, le courage lui manqua. Sachant qu’on ne conduit pas au supplice un malade, il se procura du vin, y fit infuser du tabac et l’avala. Il éprouva alors des vomissements si prolongés qu’il finit par