Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/285

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tomba le crépuscule, elle se décida, folle de peur, à aller chercher elle-même sa fille. Elle la supplia à genoux ; Zina l’écouta sans comprendre. Maria Alexandrovna sortit désespérée. Zina était résolue à passer la nuit auprès du mourant. Elle ne quitta pas son chevet. L’état du malade empirait visiblement : quand vint le matin, il n’avait presque plus de souffle. Pourtant il vécut encore une journée entière. Mais, au moment où le soleil couchant embrasa la vitre, l’âme s’exhala avec les derniers rayons.

Alors se passa une scène horrible. La vieille mère se jeta sur le corps de son fils, et, se retournant vers Zina :

— C’est toi qui l’as perdu, maudite ! cria-t-elle.

Mais Zina n’entendait rien ; elle restait là, comme une statue insensible, comme si, elle aussi, son âme l’eût quittée. Enfin elle se baissa, fit sur le mort le signe de la croix, le baisa au front et sortit de la chambre.

De si terribles sensations et ces deux nuits