Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/104

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Simonov, qu’on avait chargé d’organiser la partie.

— Comment vingt et un roubles ? dis-je avec quelque agitation, où perçait l’offense : si l’on compte avec moi, ce ne sera plus vingt et un roubles, mais vingt-huit roubles.

Il me semblait très beau de m’inviter soudain et d’une façon si inattendue. Je pensais qu’ils seraient tous anéantis et me considéreraient avec respect.

— Vous voulez en être aussi ? remarqua Simonov avec mécontentement, évitant de me regarder. Il me connaissait par cœur.

Cela me mit en rage, de constater qu il me connaissait ainsi.

— Pourquoi pas ? Je suis aussi un camarade, je pense, et j’avoue que cela m’offense un peu qu’on n’ait pas songé à moi.

— Où fallait-il donc vous chercher ? s’interposa brutalement Ferfîtchkine.

— Vous ne vous accordiez jamais avec Zverkov, ajouta Troudolubov, en se refrognant.

Mais je tenais mon idée et ne la lâchai pas.

— 11 me semble que personne n’a le droit de juger de cela, répliquai-je, la voix tremblante, comme s’il était arrivé quelque chose d extraordinaire. C’est peut-être la raison pourquoi je le veux à présent, parce que, auparavant, je ne m accordais pas.

— Allons, qui pourrait vous comprendre... avec toutes ces idées élevées... ricana Troudolubov.