Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/120

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— Oui, répondis-je, comprenant que j’étais allé trop loin, je pense qu’il vaudrait mieux parler de choses plus intelligentes.

— On dirait que vous avez l’intention de nous la montrer, votre intelligence.

— Ne vous inquiétez donc pas, ici ce serait tout à fait inutile.

— Mais alors, monsieur, qu’avez-vous à monter sur vos ergots — eh ? N’auriez-vous pas perdu la boule, dans votre ministère ?

— Assez, messieurs, assez ! cria Zverkov avec autorité.

— Que c’est bête ! grogna Simonov.

— C’est bête, en effet ; nous nous sommes réunis pour faire nos adieux à un bon camarade qui part en voyage, et vous voulez régler des comptes, commença Troudolubov, en s’adressant brutalement à moi seul. Vous vous êtes invité vous-même, hier ; ne rompez pas l’harmonie générale…

— Assez, assez, cria Zverkov. Cessez, messieurs, cela n’est pas convenable. Je vais plutôt vous raconter comment j’ai manqué me marier avant-hier…

Et aussitôt commença le plat récit du mariage manqué de ce monsieur. Ou plutôt, le récit ne contenait pas un mot du mariage, mais était émaillé de généraux, de colonels, et même de gentilshommes de la Chambre, et Zverkov avait la pré-