Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/131

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son traîneau ; mais j’avais à peine levé la jambe pour y monter, que le souvenir de la façon dont Simonov m’avait donné six roubles me terrassa et je tombai dans le traîneau comme un paquet.

« Non ! Il faudrait beaucoup, pour racheter tout cela ! criai-je ; mais je le rachèterai, dussé-je mourir sur place cette nuit. Marche ! »

Nous partîmes. Un tourbillon se soulevait dans ma tête :

« Me supplier de leur accorder mon amitié, ils ne le feront pas. C’est un mirage, un vil mirage, dégoûtant, romantique et fantastique, c’est comme le bal au lac de Côme. Et puis il faut que je soufflette Zverkov ! Je dois le faire. Ainsi, c’est décidé, je cours maintenant lui donner un soufflet ! Fouette cocher ! »

Le cocher secoua les rênes.

« Je le donnerai dès en entrant. Dois-je dire quelques paroles avant le soufflet, en guise de préambule ? Non. J’entrerai tout simplement et je le donnerai. Ils seront tous dans la salle et lui sera à côté d’Olympe sur le canapé. Maudite Olympe ! Un jour elle se moqua de mon visage et se refusa. Je traînerai Olympe par les cheveux, et Zverkov par les oreilles ! Non, mieux vaut que je le prenne par une oreille et que je le conduise ainsi à travers toute la pièce. Il se peut qu’ils se mettent à me battre et me fassent sortir. C’est même certain. Tant pis ! Ce sera moi quand même qui aurai