Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/151

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fois ! Mais c’est ainsi très fréquemment. Le premier temps, les disputes même avec le mari se terminent bien. Certaines femmes, plus elles aiment leur mari, plus elles entament de disputes avec lui. Vraiment, j’en ai connu : « Voilà, pensent-elles, je t’aime beaucoup et c’est par amour que je te tourmente, et toi tu dois le comprendre. » Le savais-tu que l’on peut faire souffrir quelqu’un exprès par amour ? Ce sont surtout les femmes. Et en elles-mêmes elles pensent : « Mais aussi après, je lui témoignerai tant d’amour, je le caresserai tant, que ce n est pas un mal que de le faire souffrir à présent. » Et tous autour de vous sont heureux, c’est si bon, si gai, si paisible, si honnête… Il y en a aussi qui sont jalouses. J’en connaissais une, qui ne pouvait supporter que son mari sortît. Elle courait même dans la nuit, pour aller voir s’il ne serait pas là, dans telle maison, avec telle femme ? Ça c’est mal. Elle le sait bien que c’est mal, son cœur lui manque et se torture ; mais elle aime ; c’est par amour. Oh ! qu’il est bon de faire la paix après une querelle, de demander pardon, ou de pardonner ! Tous les deux se trouvent bien, si bien,

— comme s’ils venaient de se rencontrer, de nouveau de se marier, de commencer à s’aimer. Et personne, personne ne doit savoir ce qui se passe entre le mari et la femme, s’ils s’aiment. S’ils ont une discussion, ils ne doivent pas même en parler à leurs mères, et les faire juges de cela. Ils sont