Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VIII

Cependant, je ne consentis pas vite à reconnaître cette vérité. Le lendemain, à mon réveil, après quelques heures d’un profond sommeil de plomb, repassant dans ma mémoire toute la journée précédente, je fus étonné de ma sentimentalité de la veille avec Lisa, « de toutes ces horreurs et pitiés d hier », « En voilà une faiblesse nerveuse, féminine, fi donc ! » décidai-je. « Et pourquoi lui ai-je fourré mon adresse ? Si elle venait ? Et, cependant, qu’elle vienne donc ; cela ne fait rien »… Mais, évidemment, le plus important n’était pas cela : il fallait se hâter et sauver à tout prix ma réputation aux yeux de Zverkov et de Simonov. Voilà le principal. Quant à Lisa. je l’avais tout à fait oubliée pendant cette matinée-là, tellement j’étais affairé.

Il fallait avant tout sans tarder rembourser à Simonov ma dette de la veille. Je me résolus à un moyen désespéré : emprunter jusqu’à quinze rou-