Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/171

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d’oublier tout le reste jusqu’au soir, de m’en désintéresser et d’être encore très content de ma lettre à Simonov. Mais quant à cela, je n’étais plus content. On aurait dit que je souffrais à propos de Lisa seulement. Eh bien, si elle venait ? pensais-je sans cesse. Eh bien, tant pis, qu’elle vienne. Hum ! Ce sera déjà mal qu’elle voie comment je suis logé. Hier je lui parus un… héros… et maintenant, hum ! C’est cependant bien vilain que je me sois laissé aller de cette manière. C’est tout simplement la misère dans mon logis. Et dire qu’hier je me suis décidé d’aller dîner avec un vêtement pareil ! Et mon divan recouvert de moleskine, dont s’échappe partout l’étoupe. Et ma robe de chambre, qui ne peut même plus me recouvrir ! Quelles loques ! Et elle verra tout cela ! Elle verra Apollon ! Cet animal va sûrement l’offenser. Il lui cherchera des raisons, sûrement, afin d’être insolent envers moi. Et moi, bien entendu, comme d’habitude, je serai lâche, je serai aimable avec elle, je me recouvrirai avec les pans de ma robe de chambre, je me mettrai à sourire et à mentir. Oh ! quelle vilenie ! Et puis ce n’est pas encore là la principale vilenie ! Il va ici quelque chose de plus important, déplus vil, de plus lâche ! Oui, de plus lâche ! Et encore, encore remettre ce masque menteur et malhonnête !…

A cette pensée, je rougis :

Pourquoi malhonnête ? Comment malhonnête ? Hier, je parlais sincèrement. Je me le rappelle, j’étais