Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/194

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Un quart d’heure après j’arpentais ma chambre dans une impatience fébrile, m’approchant à chaque instant du paravent et regardant Lisa à travers la fente. Elle était assise par terre, la tête appuyée contre le lit, et probablement elle pleurait. Mais elle ne parlait pas et cela m’irritait. Cette fois elle savait tout. Je l’avais offensée définitivement mais… Cela ne vaut pas la peine d’être raconté. Elle devina que l’élan de ma passion n’était qu’une vengeance, une nouvelle humiliation pour elle et qu’à ma haine de tout à l’heure, sans motif, s’était ajoutée une haine personnelle envieuse… Mais d’ailleurs je ne l’affirmerai pas qu’elle ait compris tout cela distinctement : mais elle comprit parfaitement, en revanche, que j’étais un homme vil et surtout que je n’étais pas capable de l’aimer. Je sais que l’on me dira qu’il est incroyable, incroyable d’être aussi méchant, aussi bête que moi ; on ajoutera peut-être qu’il était