Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/206

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santé. Il ne s’opposa point à la satisfaction de l’ardente curiosité de sa femme, car il la partageait.

— Excellente idée ! fit-il d’un air satisfait. Allons voir le crocodile. Au moment où nous nous préparons à un voyage en Europe, il n’est pas mauvais de faire connaissance avec les indigènes de cette contrée.

Là-dessus, il offrit le bras à son épouse et tous deux se dirigèrent vers le Passage. En ma qualité d’ami de la maison et suivant notre coutume invariable. je participai à cette sortie.

Jamais je n’avais vu Ivan Matveïtch d’aussi bonne humeur qu’en cette après-midi à jamais mémorable. Ah ! nous ne lisons pas l’avenir !

Il ne fut pas plus tôt entré dans le Passage qu’il se mit à s’extasier sur la magnificence de l’établissement et, parvenu à l’endroit où s’exhibait le monstre amené dans la capitale, il manifesta l’intention de payer les vingt-cinq copeks prix de mon entrée, chose qui ne lui était encore jamais arrivée.

Entrés dans une petite salle, nous remarquâmes qu’outre le crocodile, il s’y trouvait aussi des perroquets de l’espèce des cacatoès et quelques singes dans une cage placée au fond. Près de l’entrée, le long du mur de gauche, il y avait un grand bac de zinc, sorte de baignoire recouverte d’un grillage en fil de fer et contenant un peu d’eau. Cette flaque servait d’habitacle à un énorme crocodile qui y