Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/225

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cause. C’est pourquoi il importe, avant tout, d’agir avec prudence… Qu’il ne bouge pas… Il faut attendre… attendre…

— Attendre ! Mais comment, Timotheï Semionitch ? Et s’il étouffe là-dedans ?

— Et pourquoi donc ? Ne venez-vous pas de me dire qu’il s’y était installé fort confortablement ?

Je recommençai mon récit. Timotheï Semionitch réfléchit longuement. Puis, tournant sa tabatière entre ses doigts, il fit :

— Hem ! Il me semble qu’il ferait bien de rester là où il se trouve plutôt que de s’en aller à l’étranger. Il a le loisir de méditer. Bien sûr qu’il ne faut pas le laisser étouffer et qu’on doit prendre des mesures pour la sauvegarde de sa santé ; par exemple, qu il veille à ne pas s’enrhumer… Pour ce qui est de l’Allemand, il me paraît qu’il est dans son droit et même plus que la partie adverse : on est entré sans permission dans son crocodile et ce n’est pas lui qui est entré dans le crocodile d’Ivan Matveïtcli, lequel, du reste, n’en possède pas, si je ne me trompe. Or, ce crocodile constitue une propriété et, par conséquent, on ne peut lui ouvrir le ventre sans indemniser le propriétaire.

— Mais il s’agit de sauver un être humain, Timotheï Semionitch.

— Cela, c’est l’affaire de la police. C’est à elle qu’il faut s’adresser.