Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/236

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— Vous paierez à chaque fois que vous viendrez, me dit-il. Mais, tandis que le public ordinaire payera un rouble, ça ne vous coûtera que vingt-cinq copeks, parce que vous vous montrez un bon ami de votre ami, et j’estime cela.

— Vis-tu ? Es-tu en vie, cher et savant ami ? m’écriai-je en m’approchant de la baignoire du crocodile, dans l’espoir que mes lointaines paroles arriveraient jusqu aux oreilles d Ivan Matveïtch et flatteraient son amour-propre.

— Je suis vivant et bien portant, me répondit-il d’une voix étouffée qui semblait venir de sous un lit quoique je fusse tout proche de lui. Je suis vivant et bien portant, mais nous parlerons de cela plus tard. Avant tout, comment vont nos affaires ?

Je feignis de n’avoir pas entendu et m’empressai de le questionner en âme compatissante. Comment se trouvait-il dans son crocodile ? Qu’y avait-il là-dedans ? M’en informer n’était qu’un devoir d’amitié et même de simple politesse. Mais il m’interrompit avec impatience et mécontentement, pour me crier d’un ton de commandement qui lui était habituel :

— Les affaires ! et sa voix grêle me parut particulièrement désagréable.

Je lui rapportai jusque dans ses moindres détails ma conversation avec Timotheï Semionitch. tout en m’efforçant de communiquera mon accent quelque chose d’offensé.