Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lecteurs sur la cruauté d’un pareil traitement à l’égard d’un animal domestique.

» On comprend s’il est difficile à ce crocodile de digérer une telle masse. Cette bête infortunée est là, affalée, gonflée, attendant la mort dans d’intolérables souffrances. Depuis longtemps déjà, en Europe, on traîne devant les tribunaux ceux qui traitent sans humanité les animaux domestiques. Chez nous, en dépit de l’éclairage à l’européenne, des trottoirs à l’européenne, des maisons construites à l’européenne, il se passera encore Un long temps avant que nous fassions justice de ces agissements criminels.

« Les maisons sont neuves, mais les préjugés restent vieux.

» Et mêmes les maisons sont-elles neuves ? On ne pourrait toujours le dire de leurs escaliers. Combien de fois avons-nous signalé dans ces colonnes l’état de pourriture lamentable où se trouvent depuis des mois les marches de l’escalier de bois de la maison du marchand Loukianov, sur la Pétersbourskaïa, véritable effondrement qui présentait un danger sérieux pour la domestique, Afimia Skapidirovna, contrainte parles nécessités de sa charge d’y passer constamment pour monter de l’eau ou du bois de chauffage. Ce que nous prédisions arriva hier à huit heures et demie du soir : Afimia Skapidirova, qui portait une soupière, tomba et se cassa la jambe.