Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/273

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Féodorovna vivaient en vrais frères. Plusieurs étaient employés dans les mêmes bureaux. Tous perdaient régulièrement leur paie au jeu, chaque premier du mois ; tous aimaient à jouir en compagnie des joies de l’existence. Ils se plaisaient aussi parfois à deviser de choses élevées, bien que tout ne se passât pas alors sans escarmouches, mais l’accord se rétablissait bientôt, les préjugés étaient bannis de cette république.

Les plus remarquables de ces messieurs étaient Marc Ivanovitch, homme de sens et versé dans les lettres, et Oplévaniev Prépolovienko, plein de bravoure et de simplicité. Il y avait aussi Zénobi Prokofitch dont l’unique objectif était d’accéder au grand monde, et le greffier Océanov, qui avait failli un instant remporter la palme des faveurs d’Oustinia Féodorovna. Il y avait encore un autre greffier, Soudbine, et le bourgeois Kantariov et d’autres. Mais Sémione Ivanovitch, à ce qu il semblait, n’avait point d’amis parmi eux.

Personne, certes, ne lui voulait de mal, d’autant que, des premiers jours, chacun lui avait rendu justice, l’estimant bon et doux, sans grande habitude du monde, mais de rapports très sûrs. Sans doute, il avait ses défauts, mais on pensait que le seul dont il pût éventuellement avoir à souffrir était son manque complet d’imagination.

Outre ce défaut, M. Prokhartchine n’avait pas-un extérieur de nature à impressionner favorable-